On aurait pu le surnommer “l’inimitable vin de dessert” mais c’eût été un qualificatif bien trop réducteur pour celui qui n’a de cesse d’émouvoir les papilles des amateurs de foie gras et de fromages… Tout au long de sa brillante carrière au sein des caves des fins connaisseurs et des tables les plus raffinées l’appellation Bonnezeaux est parti à la conquête des néophytes. Une épopée de très bon goût en somme !
L’AOC Bonnezeaux est en effet bien discrète, en dépit de son statut de cépage mythique du Val de Loire. La richesse du terroir et la singularité de ses blancs moelleux, parfois liquoreux valent mille détours.
L’appellation Bonnezeaux provient de la commune de Thouarcé, au sud d’Angers, en Pays d’Anjou. Au total, 80 hectares sont exploités pour donner vie à ces vins blancs moelleux de la Loire. Le cépage unique de cette AOC, le chenin, profite des sols de la bordure du Massif Armoricain de l’AOC Anjou et de pentes abruptes.
Outre l’aspect géographique, on note un remarquable savoir-faire. Rien n’est laissé au hasard : les raisons sont cueillis et triés à la main. Choisis pour leur maturité avancée, ces grains très sucrés et concentrés ont la particularité de donner des vins très gourmands, opulents, épais, riches et racés.
Paris Frivole a eu la chance d’être invité au Roof Top du Fouquet’s Paris, le Marta, pour un brunch d’exception en compagnie des vignerons qui oeuvrent en faveur de l’appellation Bonnezeaux. Ce fut l’occasion inouïe de déguster des vins jeunes et des vins datant de 1880, 1921, 1947 ou encore 1959. Les nectars ont su exprimer toute la richesse du terroir, suspendu parfois avec justesse dans le temps.
Les vins de Bonnezeaux ont sans équivoque un haut potentiel de garde, 10 ans au minimum et les plus beaux millésimes ont des durées inestimables… Comment ne pas s’extasier face à une bouteille qui a passé les décennies, et parfois les siècles en se sublimant et en se bonifiant avec tant de pertinence ? On salue la patience, celle-ci visiblement sait porter ses fruits.
Depuis janvier 2018, l’appellation Bonnezeaux se réjouit du nouveaux design de ses bouteilles, mêlant ainsi la tradition à la modernité.
On reconnait dans les vins de Bonnezeaux des traits de famille certains : quand il est jeune, sa robe est dorée et plus il vieillit, plus celle-ci devient ambrée. Au nez et en bouche, les fruits secs dominent (coing, abricot confits, datte), souvent avec des notes de miel, de fleurs et de fruits blancs.
Paris Frivole a donc parcouru les Bonnezeaux : Les Caves de la Loire, Domaine des Chapelles, Domaine la Croix des Loges, Domaine du Haut Mont, Château de Fesles, Domaine des Petits Quarts, Domaine des Fontaines, Domaine Benoit Rocher, Domaine Leblanc – Les Closserons, Domaine du Haut Mont, Domaine de Terrebrune, Domaine des Giraudières, Domaine des Trottières, Domaine de le Petite Croix, Domaine les Grandes Vignes, Domaine des Coqueries, Domaine de Terrebrune (1880 et 1921), Domaine Prouteau (1945), Château de Fesle (1947) ou encore Domaine des Petits Quarts (1959)…
Ces magnifiques références ont révélé des vins exquis, notre attention s’est porté en particulier sur Le Domaine des Giraudières. Installés depuis 1991, Françoise et Dominique ROULLET sont aux commandes du domaine, épaullés par leurs enfants, Marion et Guillaume. Cette histoire de famille, dans laquelle le métier de vigneron s’est transmis depuis 4 générations génère des vins dorés et élégants comme Le Domaine des Giraudières des années 2015 et 2016. Ces deux grands vins blancs liquoreux révèlent des arômes de miel et de fruits à chair blanche. De purs délices !
La jeunesse du Domaine Leblanc – Les Closserons 2017 n’a rien enlevé à sa subtilité. Au nez, les arômes d’acacia, de fleurs blanches, de camomille, d’abricot, de coing et de raisin sec dominent. En bouche, les notes intenses de coing et de fleurs blanches caressent le palais. Une merveille !
L’avis de Paris Frivole : soyez patients et ne succombez pas au plaisir immédiat d’une excellente bouteille de Bonnezeaux… Investissez pour l’avenir et conservez vos vins quelques années dans votre cave, ils n’en deviendront que meilleurs !