Dans les ruelles de Téhéran, sous les voiles obligatoires et les regards vigilants, les femmes tracent leur chemin, avec une force tranquille et une audace subtile. Elles sont artistes, étudiantes, entrepreneures, activistes ou simples rêveuses – mais toutes portent en elles un feu, une soif de liberté, un besoin vital d’exister pleinement.
Leur quotidien est parsemé de contradictions. Entre les injonctions sociales, les lois restrictives et la surveillance constante, elles apprennent à naviguer avec finesse, à détourner les interdits, à réinventer l’espace public. Un simple choix de couleur pour un foulard, un rire partagé dans une voiture, une soirée secrète sur un toit peuvent devenir des actes de résistance.
Elles créent, elles chantent à voix basse, elles dansent derrière des portes closes, elles aiment avec passion. Dans les librairies, les galeries, sur les réseaux sociaux ou dans les cafés discrets, une nouvelle génération de femmes iraniennes dessine l’espoir à traits fins mais indélébiles. Leur combat n’est pas seulement politique, il est intime, charnel, poétique. Il est tissé dans leurs gestes, dans leurs silences aussi.
Et si la liberté ne se crie pas toujours, elle se vit, doucement, obstinément, à Téhéran, dans chaque pas de ces femmes qui refusent de renoncer.
Chez Flammarion, avec “Les petites révolutions d’une Française à Téhéran“, Shirin Rashidian signe un roman aussi vibrant que nuancé, où la légèreté côtoie les blessures de l’Histoire. Avec une plume aussi libre que précise, elle dessine le portrait d’une héroïne contemporaine, tiraillée entre deux cultures, deux rythmes de vie, deux façons d’aimer. À travers cette quête intime, l’autrice donne aussi voix à une jeunesse iranienne résiliente, marquée par la révolution de 1979 et la guerre, mais toujours animée par le désir de création, de liberté et de beauté. Un récit subtil, porté par la grâce d’une écriture engagée et lumineuse.
Lorsqu’elle découvre qu’elle attend un enfant, Lila, jeune Parisienne au charme effervescent et à la vie rythmée par les plaisirs urbains, apprend dans le même souffle que son père disparu était d’origine iranienne. Cette révélation devient l’amorce d’un voyage inattendu vers Téhéran, en quête de ses racines, de sens et, peut-être, d’apaisement.
Mais Téhéran, loin de calmer ses élans, éveille en elle une nouvelle curiosité, une sensibilité aux saveurs, aux regards et aux silences. Au fil de ses rencontres – un grand-père qu’elle n’avait jamais connu, une jeunesse vibrante qui invente des îlots de liberté au cœur de la censure – Lila découvre une ville qui résiste en créant, qui aime malgré les murs, qui rêve à voix basse.
Dans cette immersion sensorielle et intime, où la maternité s’entrelace aux secrets de famille et aux blessures de l’exil, elle pressent que la liberté est parfois cachée dans les interstices, là où l’on ne la cherchait pas.
Un livre comme un voyage…