Ces poètes qui ont donné vie à Paris
Considérée depuis toujours comme étant la plus belle ville du monde, Paris était et restera une source d’inspiration inépuisable pour les artistes. Nombreux sont les poètes qui y ont élu domicile et cela en tout temps. Si ce n’est pas son histoire fougueuse qui anime les auteurs de passage dans la capitale, ce sont ses rues sinueuses et romanesques. Retour sur quelques chefs-d’œuvre.
L’histoire de la capitale se raconte à travers la poésie
De grands poètes classiques incontournables ont embrassé Paris de leurs vers, chacun avec son style, des poèmes classiques, engagés, avant-gardistes, mais toujours avec un poids des mots véritable et sincère.
La poésie au service d’un Idéal
Charles Baudelaire
Charles Baudelaire, ce poète idéaliste du XIXème siècle, tiraillé entre spleen et idéal, était également connu pour écrire ses poèmes sous drogue, trouvant dans ce nouvel état sa Muse. Son sonnet « Correspondances » du recueil Les Fleurs du Mal (1857) est une attestation de cette volonté d’atteindre une nouvelle sphère, un nouvel idéal spirituel et non matérialiste :
« La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. »
Charles Baudelaire, « Correspondances », Les Fleurs du Mal (1857)
À la recherche de la perfection
Ce poème est un sonnet dans sa forme la plus pure et la plus classique : des rimes parfaites, des alexandrins dont les mots ne sont pas coupés à la césure. On y perçoit la recherche de la perfection via sa structure. Ecrire un sonnet exige de trouver le bon mot qui répond à l’autre, tout en respectant une structure figée et exigeante : rien n’est laissé au hasard. Si la structure du sonnet est de nos jours moins usités, l’importance de la rime dans la poésie persiste, et certains dictionnaires permettent de faire rimer des mots, pour les poètes débutants que vous êtes. Faites un essai avec le dictionnaire Woxikon, vous trouverez de nombreuses rimes insoupçonnés. Toujours à la recherche du mot juste et de la magnificence, Baudelaire abandonne toutefois la forme classique du poème au profit de la prose, un art tout autant poétique, mais libéré de ses carcans. C’est la naissance du recueil Le Spleen de Paris (1869), une œuvre inachevée composée de poèmes en prose non structurés, à la recherche d’une nouvelle langue poétique. Il est possible de retrouver un commentaire de son poème « L’étranger » sur bacdefrancais.net. Inspirée de la vie Parisienne qu’il mène, sa poésie exprime jusqu’à sa mort un tiraillement entre un Spleen et la volonté d’un nouvel Idéal.
La poésie engagée
Guillaume Apollinaire
Guillaume Apollinaire nous a laissé un héritage littéraire riche. Avant-gardiste dans l’âme, nous devons au poète un calligramme mémorable représentant la Tour Eiffel et témoignant de ses positions face aux Allemands lors de la Première Guerre mondiale. La poésie est engagée pour Apollinaire ou elle n’est pas !
Apollinaire, Calligrames, 1913-1916
Aragon
L’histoire se répète finalement pendant l’occupation nazie de la capitale ayant inspiré Aragon dans son poème “Paris” devenu mythique. Se défendre grâce aux mots, penser autrement grâce au langage, c’est ce que nous apprend Aragon :
« Où fait-il bon même au coeur de l’orage
Où fait-il clair même au coeur de la nuit
L’air est alcool et le malheur courage
Carreaux cassés l’espoir encore y luit
Et les chansons montent des murs détruits
Jamais éteint renaissant de la braise
Perpétuel brûlot de la patrie
Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise
Ce doux rosier au mois d’août refleuri
Gens de partout c’est le sang de Paris
Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre
Rien n’est si pur que son front d’insurgé
Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers
Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai
Rien ne m’a fait jamais battre le coeur
Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer
Comme ce cri de mon peuple vainqueur
Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré
Paris Paris soi-même libéré »
Louis Aragon, « Paris » 1944
De par son Histoire et sa richesse littéraire, Paris dispose de tous les atouts pour inspirer les poètes et les artistes de demain, et n’a pas fini d’inspirer. Pour découvrir d’autres textes et actualités sur Paris, venez jeter un œil aux chroniques de Paris Frivole par ici.