Paris ne serait pas Paris sans ses Parisiennes. Femmes de lettres, femmes d’affaires, artistes, icônes de mode, scientifiques, intrigantes, les Parisiennes ont démontré tout au long de l’histoire qu’elles avaient plus d’un tour dans leur sac malgré leur réputation construite de toute pièce par des auteurs influents. Décrites comme des êtres frivoles par Rousseau (avides de mode et d’apparats), comme des personnages vaniteux et inexplicables par Balzac, elles devinrent malgré elles des égéries de la frivolité, de l’élégance et de la légèreté à travers le monde.
En dépit de ce tableau aussi flatteur qu’assassin, révélateur d’un autre temps, les femmes de la capitale démontrèrent qu’elles alliaient charme et esprit. Des femmes exceptionnelles ont laissé une empreinte indélébile, marqué des murs, bouleversé le patriarcat, fait la guerre contre les préjugés et transcendé cette étiquette, si bien qu’elles portent aujourd’hui fièrement l’insigne de la liberté. Les Parisiennes ont par essence un esprit libre, c’est tout naturellement qu’elles saisissent à bras le corps leur destin en assumant leur singularité toute puissante.
Aujourd’hui, peu de rues dans Paris rendent hommage à ces femmes, nous avons en revanche leurs traces dans les livres, les musées et pouvons bénéficier de l’œuvre de leur vie dans nos quotidiens.
Les éditions Parigramme nous livrent un ouvrage magnifique écrit par Claire Lemonnier, “Elles, ces Parisiennes“, Promenade à la rencontre de ces femmes d’exception. En quinze chapitres, correspondant aux grands quartiers de Paris et plus de 400 adresses, le lecteur peut suivre les traces de ces femmes qui ont marqué l’histoire.
Paris Frivole vous livre quelques fragments de cet opus édifiant et éclairé…
Le quartier latin habité en 1831 par une Georges Sand émerveillé du haut de son balcon du 25, quai Saint-Michel par les monuments gigantesques de Notre-Dame, Saint-Jacques-la-boucherie et la Sainte Chapelle…
Le quartier Saint-Germain-des-Prés (nord), illuminé par la présence de Serge Gainsbourg en 1967, follement amoureux d’une Brigitte Bardot peu emballée par sa nouvelle maison du 5bis rue de Verneuil. Hélas, la belle le quitte au bout de 3 mois, laissant seul l’homme à la tête de chou dans sa sombre demeure et retournant dans son lumineux appartement de l’Avenue Paul Doumer dans le 16ème arrondissement de Paris.
Le quartier Saint-Germain-des-Prés (sud), largement investi par Catherine Deneuve, amoureuse de la Rive Gauche, du Bon Marché, du bar du Lutétia ou encore du salon du cinéma du Panthéon. Domiciliée au 76, rue Bonaparte, la célèbre actrice a su faire honneur au très chic 6ème arrondissement de Paris, elle qui a été élevée dans le 17ème.
Sarah Bernhardt alias, l’impératrice du théâtre, décrite comme “un monstre sacré” par Jean Cocteau est née 5, rue de l’école de médecine, une plaque y figure encore.
Le quartier des ministères marqué par les tourments de Romy Schneider, domiciliant alors au 11 rue Barbet-de-Jouy et retrouvée sans vie à cette même adresse.
Le quartier Palais Royal, Opéra et Madeleine investi par Coco Chanel à l’adresse historique du 31, rue Cambon ou encore par Mistinguett, danseuse de cabaret charismatique valsant chez elle au 24, Boulevard des Capucines… Virginia de Castiglione, éprise de sa propre image, redoutable séductrice réputée comme étant la plus belle femme de son temps, à l’époque de Napoléon III, finissant sa vie 26, Place Vendôme, dans l’illusion de sa beauté déchue, éternelle à jamais.
Le quartier Saint-Lazare, Trinité, Saint Georges et Pigalle marqué par Eugénie Buffet, alias “la caporale des Poilus”, chanteuse et star du cabaret, évoluant dans son appartement du 3 de la rue Frochot…
Le quartier des Champs Elysées caressé par Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour gâtée par Louis XV qui lui acheta l’hôtel d’Evreux (le Palais de l’Elysée d’aujourd’hui). Le fastueux palais de la Païva situé au 25, avenue des Champs Elysées fit de la courtisane la plus célèbre du Second Empire, l’une des reines de Paris les plus respectée. Celle qui inspira Nana d’Emile Zola incarna un modèle de réussite hors des conventions sociales.
Le quartier du 17ème arrondissement bouleversé par le charme hispannique de Caroline Otero, l’une des Cocottes de la Belle Epoque et du Paris 1900 les plus célèbres. La scandaleuse multiplie les illustres amants, fait la guerre à ses rivales Liane de Pougy et Emilienne d’Alençon et conduit les hommes au suicide. Immensément riche dans sa période de gloire, elle vécu avec ses charmes au 27, rue Fortuny dans le faste et l’opulence.
Le quartier du Marais, de l’île Saint Louis et de l’île de la Cité fut marqué par le destin époustouflant de la jeune et jolie juive polonaise Helena Rubinstein, devenue impératrice de la beauté avec sa marque de cosmétiques lancée en Australie puis dans le monde entiers. Elle inspira “Hannah”, opus emblématique de la carrière d’écrivain de Paul Loup Sulitzer.
Le quartier Montparnasse habité par Françoise Sagan au 34 de la rue Guynemer face au Luxembourg. Dans son appartement, ses invités défilent et profitent de sa générosité, en effet, l’auteure avait pris l’habitude de mettre de l’argent dans un petit coffre en bois de manière à ce que ses amis se servent.
Le quartier Montmartre marqué par Dalida et sa somptueuse maison située au 11 bis de la rue d’Orchampt…
Le quartier des Grands Boulevards, de République et de la Bastille où vécut Lola Montès – précisément au 40, rue Pillet-Will – la danseuse qui fit scandale autant avec sa danse érotique de l’araignée qu’avec se liste interminable d’amants.
Les quartiers Est investi par Barbara, au 50, rue Vitruve…
Le quartier Auteuil et Passy où vécu au 6 de la place d’Iena, la mystérieuse Mata Hari, danseuse exotique et Cocotte, accusée d’espionnage et fusillée…
Et tant d’autres noms, d’adresses et d’époques sont mentionnés dans ce livre dédié aux Parisiennes d’hier et d’aujourd’hui…
L’avis de Paris Frivole : “Elles, ces Parisiennes” offre une mise en lumière de femmes célébrissimes et de noms plus discrets qui méritent tout autant d’être largement connus et reconnus. Cette balade inédite au cœur de Paris, à travers ces destins poignants permet d’observer la ville sous un nouveau jour, de contempler les murs qui ont abrité des âmes hors du commun. Partons au fil des pages, à travers une lecture délicieuse, à la recherche de ces esprits féminins inspirants.