Dans les brumes opaques de la Forêt-Noire littéraire, un nom se détache avec grâce : La captive de Dunkelstadt, envoûtant roman signé Magali Lefebvre, paru aux éditions Château d’âmes, un écrin tout trouvé pour accueillir cette perle à la fois sombre et lumineuse.
Imaginez une Europe d’autrefois, aux parfums d’encre et de cire fondue, où les jeunes hommes rêvent d’aventures.
Émile Dupontel, notre fringant héros fraîchement diplômé, s’offre une dernière escapade avant de se plier aux devoirs sérieux du monde adulte. Mais au lieu des gondoles vénitiennes ou des cafés parisiens, c’est le château de Wolfenschlöss qui retient son attention, un monument sinistrement splendide, dressé dans la ville de Dunkelstadt comme une épingle d’onyx sur une robe de deuil.
Le décor est planté : créneaux acérés, couloirs gelés, rumeurs de malédictions, soupirs derrière les tapisseries… Bref, un lieu idéal pour qu’un cœur encore tendre vienne s’y brûler.
Et c’est là qu’entre en scène Katarina, enchanteresse mélancolique aux yeux d’hiver, prisonnière d’un destin cruel et d’un château qui n’a rien oublié. Loin d’un simple amour de passage, leur rencontre devient ballet d’ombres et de soupirs, où les fantômes du passé valsent avec les espoirs du présent.
Magali Lefebvre manie sa plume avec une élégance digne d’un bal viennois : chaque chapitre évoque un velours froissé, chaque phrase, un parfum ancien. L’auteure tisse, sans jamais s’y perdre, une intrigue pleine de charme, d’angoisse délicate et de passion discrètement échevelée. On frissonne autant qu’on soupire.
Mais que vaut un serment face à une malédiction ? Que pèse la logique notariale face aux lois capricieuses du cœur ? La captive de Dunkelstadt est une promenade amoureuse dans un conte gothique, où l’amour, tel un chandelier dans la nuit, éclaire les recoins les plus sombres de l’âme.
Un roman à lire un soir d’orage, de préférence dans une maison un peu trop silencieuse… avec, pourquoi pas, un verre de vin rouge et une bougie hésitante.
