Le roman “Ils dorment” écrit par Carine Marret publié aux éditions du Cerf n’est pas sans rappeler la terrible affaire Dupont de Ligonès… L’auteure a cependant mis la main sur son meurtrier. Il est bien en vie, sur son lieu du crime et il pense. Elle s’est glissée insidieusement dans sa tête et lui donne la parole.
Ce récit troublant conjugué à la première personne est une immersion dans la tête d’un psychopathe balloté entre le déni de ce qu’il a réalisé “ils dorment” (pour toujours) et la prise de conscience de ce qu’il a fait…
Peut-il y avoir un semblant d’humanité dans un esprit aussi noir et tourmenté ? Des états d’âme se manifestent-ils ?
Comment peut-on en venir à assassiner ceux que l’on aime le plus ?
Flashback sur une vie de famille normale, une femme, un mari et leurs enfants… Le protagoniste se remémore sa romance avec sa femme Clémence et la famille qu’ils ont construit ensemble… Puis, le lecteur découvre le point de bascule, les éléments qui ont déclenché cette folie : la dérive d’un couple.
“La mort n’est pas un échec, un divorce l’aurait été.”…
De la poésie, une plume efficace, des chapitres courts et des formules qui font froid dans le dos : ce mélange détonnant en fait un livre facile à lire et qui nous prend par les tripes.
Voici le synopsis complet : « Ils dorment. Ils sont là, près de moi. Clémence, ma femme, mon aimée. Pierre et Pauline, la chair de ma chair. Ils dorment. Rien. Aucune émotion. Le silence.
Ils dorment. Et le jour va bientôt se lever. Je suis assis par terre, adossé au mur. Le plafonnier de l’entrée est allumé. Il trouble l’obscurité. Tout est figé. Et peut-être si je regagnais la chambre, tout recommencerait là où tout s’est arrêté. Rien n’aurait changé. Je me glisserais dans le lit, à côté de Clémence. Je plongerais dans le sommeil. Et demain, dans quelques heures, je descendrais dans la cuisine boire un café fort, les enfants passeraient rapidement avaler une tartine en restant debout, expédiant ainsi leur petit-déjeuner. Ils récupéreraient leurs affaires et se dirigeraient vers la porte. Clémence boirait encore une gorgée de thé, reposerait sa tasse sur la table, attraperait son sac. Je file. À ce soir, mon chéri.
C’était peut-être ça le bonheur.
Ils dorment. Ils dorment pour toujours. Ils n’ont pas souffert. »
A propos de l’auteure : Carine Marret est l’auteure de la série policière « Tempus Fugit » en cinq romans, ainsi que des pièces de théâtre Et Salomé pleura sur son crime et Napoléon et Joséphine, un amour impérial, publiées aux Éditions du Cerf.