Jacques D’Adelswärd-Fersen, l’insoumis de Capri – Séguier Editions

Vous connaissez sans doute le Comte suédois, Axel de Fersen, célèbre pour avoir entretenu une amitié privilégiée avec la reine Marie-Antoinette et pour avoir joué un rôle politique déterminant, lors de la guerre d’Indépendance américaine et comme fervent défenseur de la famille royale lors de la Révolution. En revanche, vous ne connaissez peut-être pas Jacques d’Adelswärd-Fersen, qui comme son nom l’indique, est issu de la même famille que l’illustre suédois, il fut précisément le cousin germain de son arrière-arrière grand-mère, Eva Helena, comtesse von Fersen et par mariage, deuxième baronne Adelswärd, une filliation collatérale mais si chic sur le papier…

Jacques d’Adelswärd-Fersen (1880-1923), fut en son temps un personnage énormément controversé. Comme toute personnalité sortant des sentiers battues, elle fut montrée du doigt. L’ouvrage « Jacques d’Adelswärd-Fersen, l’insoumis de Capri« , écrit par Viveka Adelswärd et Jacques Perot publié aux éditions Séguier retrace la vie de cet homme hors du commun, faisant fi des conventions sociales. Jacques est un être libre, un aristocrate richissime, un dandy frivole qui traine avec lui un parfum de scandale. Toute sa vie, il l’a vécu avec son goût pour la poésie et la décadence. 

L’ouvrage démarre au moment où le beau Jacques annonce ses fiançailles avec Blanche de Maupeou. A priori, tout sourit au riche aristocrate mais soudain, le scandale éclate, la presse s’en empare. On désigne un certain Comte de W et un certain baron d’A « impliqués dans de véritables saturnales ». Jacques d’Adelswärd-Fersen est arrêté, les journaux se délectent de l’affaire allant jusqu’à inventer des détails de son appartement parisien de la rue Friedland.

Accusé d’organiser des soirées avec des « tableaux vivants », des « poses plastiques » et des représentations païennes mettant en scène de tout jeunes hommes en tenue d’Adam. Les accusations vont plus loin, on le soupçonne d’accueillir chez lui des orgies et des messes noires. Il est vrai que le Paris 1900 est un tourbillon de mondanités et que les Fêtes qui se dressent frôlent parfois l’indécence, néanmoins, c’est son homosexualité qui fit l’objet d’un acharnement.

Jacques D'Adelswärd-Fersen, l'insoumis de Capri - Séguier Editions

Cette affaire de mœurs le jette sur les routes de l’exil et c’est à Capri qu’il trouva refuge. Il fit construire la Villa Lysus, véritable paradis terrestre. Très jeune qu’il s’initia à l’opium mais c’est lors de son voyage à Ceylan, en 1904 qu’il en prit l’habitude. Toujours mondain, il accueille ses amis chez lui et offre à qui le veut bien, cocaïne haschish et opium. Dans « Hei Hsiang », le brillant homme de lettres consacre la plupart de ses poèmes à cette drogue.

Lors d’un voyage à Rome, il rencontre Nino Cesarini, jeune vendeur de journaux âgé de 15 ans, dont il tombe amoureux. Cette passion dura 20 ans.

Le culte de l’Opium, il en fit son œuvre, à quarante trois ans, il quitte la terre volontairement laissant derrière lui l’image d’un poète rêveur.

L’avis de Paris Frivole : L’ouvrage « Jacques d’Adelswärd-Fersen, l’insoumis de Capri » rassemble des photographies, des lettres et des archives familiales inédites, rendues publique par la cousine du poète, Viveka Adelswärd, professeur à l’université de Linköping en Suède et de Jacques Perot (historien et conservateur). On découvre au fil des pages, à travers une plume fine et délicate et des documents précis, un être fantasque et sensible, libre et exilé, talentueux mais condamné. Fascinant en somme.

 

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